Inutile de chercher un exemplaire physique du Great American Songbook, car ils’agit plutôt d’un concept, au sens propre comme au sens figuré. Le Great American Songbook est une « catégorie » regroupant les chansons composées entre 1920 et 1950 pour l’industrie du cinéma et les comédies musicales américaines, et qui ont évolué au fil des ans pour devenir les classiques que nous apprécions aujourd’hui.

Des compositeurs de formation classique comme George Gershwin (1898-1937), Cole Porter (1891-1964) et Richard Rodgers (1902-1979) ont réussi à élever la chanson populaire au rang de forme artistique grâce à des approches innovantes. Une forme artistique qui parle au grand public, notamment grâce à ses mélodies simples et ses harmonies riches se prêtant à de nombreuses interprétations. Des textes en rime intelligents et parfois teintés d’humour ont également contribué à la popularité de ces chansons.

Une larme et un sourire

L’un de ces compositeurs s’est aussi brillamment illustré comme parolier : Cole Porter, qu’Hugo Claus considérait comme le « plus grand poète de tous les temps. » En réalité, tout le monde connaît Cole Porter. Si son nom est parfois oublié, tout le monde connaît au moins une de ses chansons, telles que I’ve Got You Under My Skin evoquée plus haut. Comment pourrait-il en être autrement, étant donné qu’on lui en doit un millier ? Autant de véritables perles musicales.

Si les chansons de Cole Porter paraissent simples au premier abord, elles sont techniquement difficiles pour leurs interprètes en raison de la complexité des harmonies, de la rythmique et des longs intervalles. Les paroles sont souvent de nature autobiographique et traitent de tous les aspects de la vie, des premiers émois amoureux à l’amertume de la séparation. Et malgré un ton généralement tragique, Cole Porter y ajoutait toujours un trait d’esprit. Sa devise résume bien sa plume : « Have a smile on your face ».

De la scène musicale au hit-parade

Des compositeurs comme Gershwin et Rodgers collaboraient souvent avec des paroliers fixes. C’est ainsi que Rodgers a formé pendant plus de 25 ans un duo bien huilé avec Lorenz Hart (1895-1943), dont on conserve plus de 500 chansons pour la scène et le cinéma. Rodgers est tombé amoureux du genre musical dès sa tendre enfance et a écrit ses premières chansons à l’adolescence. Il n’avait que 15 ans quand il a rencontré Lorenz Hart, qui avait alors une prédilection pour Shakespeare et détestait les paroles gratuites. Tout comme son contemporain Cole Porter, il avait le don d’entremêler poésie et langage quotidien en de petits bijoux littéraires. L’un de leurs plus grands succès est My Funny Valentine, ode à l’amour issue de la célèbre comédie musicale Babes In Arms.

Les chansons du Great American Songbook ont toutes un point commun. Elles ont connu de nombreuses interprétations par de célèbres artistes, qui les ont transformées pour leurs concerts à grand renfort d’orchestre et de choristes. Pensons par exemple à Louis Armstrong, dont le What A Wonderful World est inoubliable. Ou à Ella Fitzgerald, dont la version de Every Time We Say Goodbye de Cole Porter ne laisse personne indifférent. Il est même arrivé que des chansons françaises gagnent le hit-parade américain, comme ce fut le cas du grand succès du « Fou chantant » Charles Trenet (1913-2001), Que reste-t-il de nos amours ?, traduit en anglais par I Wish You Love etre pris par de nombreux artistes internationaux.

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